Article 
Paris-Normandie :
Combat pour l'égalité hommes-femmes

Une adhérente de AS HUANG-DI

À 17 ans, Ayem Boussenane se confronte aux hommes « sans retenir » ses coups. Ses combats, elle les mène sur les tatamis et pour ses idées. (Photo D.B./PN)

Accueil Région Mise en ligne le 9/03/2021 à 09:25

La jeune Rouennaise Ayem, adepte des arts martiaux, combat aussi pour l'égalité hommes-femmes

Excellence. Rencontre avec une jeune Rouennaise aussi passionnante que détonante. Adepte des arts martiaux, Ayem Boussenane mène aussi un combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

À 17 ans, Ayem Boussenane se confronte aux hommes « sans retenir » ses coups. Ses combats, elle les mène sur les tatamis et pour ses idées. (Photo D.B./PN)

Elle a de longs cheveux bruns, du vernis aux ongles et un sourire angélique... Mais derrière ses airs de jeune fille modèle se cache une guerrière. Ayem Boussenane, une jeune Rouennaise de 17 ans, est une adepte des arts martiaux, des plus « soft » aux plus engagés. Depuis septembre, elle pratique - en plus du taekwondo, du kung-fu et de la boxe thaïe - les MMA (mixed martial arts) ou arts martiaux mixtes, anciennement combat libre ou free-fight. « Depuis toute petite, je fais du sport. J'ai commencé avec la natation et indirectement mon père m'a poussée vers les arts martiaux. Il a été champion de France de boxe chinoise en 2006. Et comme mon père est mon héros, j'ai voulu lui prouver que je pouvais faire aussi bien. Pour qu'il soit fier de moi. »

Il y a trois ans, elle commence les arts martiaux. Tout d'abord le taekwondo « pour les jeux de jambes et les acrobaties », le kung-fu « pour les films chinois mais j'avais une vision restreinte de la discipline. Quand je m'y suis intéressée, j'ai découvert toute la richesse de la pratique ». Et la boxe thaïe, « c'était pour me renforcer. Je voulais faire de la compétition, il fallait donc que j'apprenne à encaisser les coups ».

« Prête à chuter, se relever et encaisser »

Il semblerait pourtant que son plus grand combat, elle le mène pour « la cause féministe. On ne peut pas considérer que les femmes ne sont pas l'égal des hommes. Je voulais montrer dans la pratique des arts martiaux que les femmes pouvaient le faire ».

Sa confrontation aux hommes, elle se passe dans le dojo. « Je combat contre des hommes. Ils ne retiennent pas leurs coups parce que je suis une femme. C'est un sport et on est à égalité. » D'autant plus qu'il y a un an, elle commence les MMA. « Il y a un degré de violence supplémentaire. C'est essentiellement de la soumission au sol. Il faut donc être prête à chuter, à se relever et à encaisser. » Et surtout, ne lui dites pas que ce sont des sports masculins qui annihilent sa féminité. « Je suis féminine. Je prends soin de mon apparence. Mais être féminine ne s'arrête pas à mettre du vernis ou des robes ou faire de la danse. C'est quelque chose qui contribue à être ce que je suis. »

« Je voudrais être politologue »

Ayem, comme sur les tatamis, ne se laisse pas impressionner. Elle porte haut ses ambitions. « J'aimerais faire de la politique mais ne pas être élue. Je voudrais être politologue. La politique, c'est un tremplin pour montrer à un vaste public les idées que l'on veut transmettre. Les miennes sont certes utopistes comme la lutte contre les injustices ou les inégalités homme-femme. Mais il y a des lois et dans les faits, elles ne sont pas respectées. Ce n'est pas les lois qu'il faut changer mais les mentalités. »

C'est donc tout naturellement qu'en juin, après l'obtention de son bac, elle s'orientera en sciences politiques. Un combat bien plus long et plus rude.

Dorothée BRIMONT